mercredi 19 juillet 2017

10 ans déjà!

Le 27 décembre prochain, cela fera déjà 10 ans que nous, apprentis écrivains du Cégep Marie-Victorin, sommes partis à l'aventure au Japon. Que de beaux souvenirs me sont restés! Pour souligner cet anniversaire en grande pompe, voici des vidéos de moi, interprétant deux œuvres japonaises. La première est le premier mouvement de la sonate pour guitare Watercolor Scalor de Takeshi Yoshimatsu. Pour l'interpréter, j'utilise une guitare Takamine fabriquée au Japon, instrument que je possède depuis l'âge de 14 ans. Pour conclure en beauté, je vous laisse m'entendre chanter Akatonbo, berceuse aux paroles empreintes de nostalgie et de tristesse. C'est l'histoire d'un jeune homme assis dans sa barque de pêche et qui, en voyant une libellule rouge s'envoler vers le soleil couchant, repense à sa première blonde, une jolie jeune fille qu'il a rencontrée en cueillant des baies sur une colline. L'idylle  s'est cependant terminée parce que la jeune fille a dû se marier à l'âge de 15 ans avec l'homme que ses parents lui destinaient. Bonne écoute et ja mata (à bientôt)!

Pour visionner, cliquez sur les liens ci-dessous :

 https://drive.google.com/file/d/0B6PWyNdwD6_-RDRoX0tOUDU2YzA/view?usp=sharing






Les Japonais et la musique

Bonjour. Il y a un sujet que j'ai oublié d'aborder, et qui pourtant est très important : la relation que les Japonais entretiennent avec la musique. Ce n'est pas anodin si j'en parle parce que lors de notre séjour, nous avons visité le célèbre magasin HMV du quartier Shibuya, à Tokyo, dont l'emblématique enseigne lumineuse apparaît dans bon nombre de films tournés là-bas. Également, alors que nous nous trouvions à Kyoto, tout près de Ponto Cho (ancien quartier des Geishas), nous avons travaillé, un soir, dans un café dont l'ambiance et le décor rappellent ceux des cafés viennois du XVIIIe siècle. Le propriétaire y exposait une vaste collection de disques en vinyle de musique classique sur des étagères de bois à l'entrée, et la radio diffusait des airs de valse en continu. En plus, la comptine traditionnelle Hotaru Koi constitue l'élément central du roman Hotaru d'Aki Shimazaki. En effet, pour mettre Tsubaki en garde contre les hommes mariés, sa grand-mère Mariko lui chante cet air, dont les paroles signifient : "Venez, chères lucioles, l'eau, de notre côté est sucrée, l'eau, de l'autre côté est salée". En 2010, Aki Shimazaki publie un superbe roman intitulé Tonbô, lequel s'inscrit dans sa deuxième pentalogie, "Au coeur du Yamato". Dans celui-ci, le personnage principal, Nobu, fonde un juku, école privée pour les lycéens désireux de suivre des cours préparatoires en vue des examens d'entrée des grandes universités. Ce juku s'appelle Tonbô en raison du fait qu'en cherchant un nom pour son école, Nobu entendait son enfant chanter une comptine, Tonbô no megane ("Les lunettes de la libellule"). Plus tard, il évoque le suicide de son père. Ce professeur, qui donnait des cours du soir dans un lycée, est mort de honte d'avoir giflé l'un des élèves de sa classe, lequel a succombé, quelques jours après, aux séquelles de cette claque reçue pour avoir insulté un autre élève. Avant de se donner la mort, le père de Nobu est parti en chantant sa berceuse préférée, Akatonbô ("La libellule rouge"), en guise d'adieu à son fils. Enfin, à mon avis d'amoureuse des arts et des lettres, de musicienne et de mélomane, la musique fait partie intégrante de la culture d'un pays et donc là-bas, j'ai eu envie de la découvrir, tout autant que la littérature, que l'archtecture ou que la nourriture.

Le Japon est très connu pour ses traditions musicales nationales, notamment avec les tambours Taïko, le shamisen, le koto et le biwâ (version japonaise du pipa chinois). Lorsque nous sommes allés au théâtre de bunrakû, nous avons entendu le shamisen, dont les notes accentuaient les émotions des personnages tout en donnant le rythme à l'action. D'ailleurs, à mon retour, j'ai découvert un duo de shamisen pop très audacieux : les Yoshida Brothers. Du Japon, on connaît également la J-pop ainsi que certains de ses représentants, dont la chanteuse virtuelle et holographique Hatsune Miku. Également, ce pays innovateur en bien des domaines a vu naître Kitaro, qui, avec ses mélodies relaxantes aux sonorités électroniques parfois mêlées à une instrumentation traditionnelle japonaise, est considéré aujourd'hui comme le père de la musique nouvel-âge! En plus de tout ça, il ne faut pas oublier que les Japonais reçoivent une éducation inspirée de celle pratiquée en Europe. Il est donc tout naturel d'acquérir une solide culture générale dès l'enfance, incluant une exposition régulière aux différents genres musicaux et une bonne connaissance des compositeurs de la musique savante occidentale, mieux connue sous l'appellation de "musique classique". Le savoir-faire de haut niveau qui découle d'une telle éducation, combiné à l'apprentissage d'un instrument de musique, quel qu'il soit, très tôt (entre 3 et 5 ans), est reconnu partout dans le monde. Plusieurs célébrités japonaises issues du milieu de la musique savante occidentale jouissent d'une grande renommée à l'échelle mondiale. On n'a qu'à penser à l'illustre chef d'orchestre Seiji Ozawa ou encore à monsieur Shinichi Suzuki, inventeur de la fameuse méthode d'enseignement du violon aux tout-petits qui s'est répandue presque partout sur la planète et qui a servi d'inspiration à Jean Cousineau pour la création de ses Petits Violons. Hors-Japon, des artistes et chefs d'orchestre d'origine nippone se démarquent par leur talent exceptionnel, notamment le chef d'orchestre Kent Nagano et sa fille, la pianiste Karin Kei Nagano, la violoniste Hibiki Kobayashi (elle fait partie du Quatuor Arthur-Leblanc avec son mari, l'altiste Jean-Luc Plourde) ou bien la pianiste Mitsuko Uchida, grande spécialiste de Mozart qui vit au Royaume-Uni. Également, la renommée mondiale du Japon sur le plan musical s'étend à la fabrication d'instruments de grande qualité, qu'ils soient réservés à des étudiants ou à des virtuoses. Parmi les marques les plus connues, nous retrouvons la compagnie Yamaha, les lutheries Takamine et Suzuki Violins, puis la facture de pianos Kawai.

Sur place, j'ai pu constater à quel point les Japonais sont mélomanes. Étant donné que j'aime beaucoup la musique, la succursale du disquaire Jeugia située au centre commercial Cuppola Sanjo, à Kyoto, est devenue très vite mon magasin préféré. Contrairement à ce qu'on voit ici, aucune importance particulière n'est accordée à un genre musical au détriment d'autres qui seraient moins rentables. Le magasin comporte cinq étages, un pour chaque sorte de musique, à l'exception du quatrième, où se trouvent des partitions. Parfois, un étage pouvait accueillir deux rayons de genres musicaux, chacun dans un local séparé, comme de petites boutiques à l'intérieur du magasin. C'est le cas, notamment, de la musique classique et du jazz, dont les locaux sont face à face, séparés par un petit couloir où on accède à l'ascenceur du magasin et où on peut s'asseoir dans un petit fauteuil coussiné. On pouvait aussi y trouver des DVD de concerts ou de vidéoclips, des magazines et des revues spécialisées, le tout en lien avec la musique. Je me sentais comme chez Archambault au temps où les sections de librairie, de boutique de cadeaux, de kiosque à journaux, de films et de jeux vidéo n'existaient pas encore. Même au HMV de Shibuya, on trouve de la musique pour tous les goûts, répartie sur cinq étages. Au terme de ces séances de magasinage, j'ai découvert de brillants interprètes. Comme la guitare classique est mon instrument chouchou, je suis allée regarder les présentoirs de disques la concernant. En écoutant des extraits à l'aide d'écouteurs branchés à un lecteur mural chez Jeugia, je me suis délectée de la douce sonorité de l'instrument de Kaori Muraji, jeune musicienne (elle a 10 ans de plus que moi, hi!hi!) vedette du Pays du Soleil levant, la première à enregistrer la presque totalité de ses albums chez Decca, célèbre maison de disques britannique. À Tokyo, dans un présentoir de liquidation, un disque m'attirait, celui d'un grand maître japonais de la guitare, Shin-Ichi Fukuda. À l'audition, j'ai fait la connaissance de compositeurs nippons qui ne sont pas guitaristes, mais qui se sont tous deux laissés fasciner par l'instrument : Toru Takemitsu, dont l’œuvre prolifique comprend une suite en quatre tableaux inspirée d'un triptyque du peintre suédois Paul Klee et commandée par le grand guitariste britannique Julian Bream, All in Twilight, et le très coloré Takeshi Yoshimatsu, à qui on doit trois sonates dont la thématique tourne autour des éléments de la nature ("Watercolor Scalor", "Wind Color Vector" et "Sky Color Tensor"), ainsi qu'une suite aux accents américains pour guitare et harmonica, Tender Toys.
Pour terminer, voici quelques photos souvenirs de mon exploration musicale japonaise.

Tour de Yamaha Music, à Tokyo. Plus bas, sur le mur, je pouvais voir une affiche avec des photos d'instruments.

L'enseigne de HMV dans Shibuya et l'annonce de la sortie d'un nouvel album du pendant japonais de Madonna, Ayumi Hamasaki. Partout où on allait dans Tokyo, on rencontrait le camion promotionnel, duquel on entendait quelques notes de chansons, avec le volume dans le tapis.

Enseigne de marques populaires d'instruments, à Kyoto. On peut y voir Yamaha. À ma grande surprise, le géant américain de la guitare électrique Fender est connu là-bas

Enseigne d'un magasin d'instruments de musique à Kyoto, derrière le centre commercial Cuppola Sanjo.

Magasin Jeugia de Kyoto.

Café viennois de Kyoto où nous avons travaillé. Parmi les airs de valse qui ont joué ce soir-là et dont je me souviens le plus, il y a eu la seconde valse de la "Suite jazz" de Dmitri Chostakovitch, puis la Valse viennoise en Do majeur de Johann Strauss, mes préférées! 


Un petit magasin d'instruments Yamaha à Hiroshima.

vendredi 15 juillet 2016

Mets du jour : shiso vert et takoyaki

Bonjour. Plus de huit ans après mon périple, j'aimerais parler de deux mets inédits auxquels j'ai goûté au Japon: le shiso vert et les takoyaki.

D'abord, le shiso vert est une herbe aux feuilles dentelées issue de la même famille que le basilic.D'ailleurs, il est un substitut de celui-ci au pays du Soleil levant. Son nom français: pérille japonaise. La première fois que j'en ai mangé, j'étais à Tokyo, dans un restaurant de sushis. Les feuilles, soigneusement roulées dans des makis, dégageaient un parfum si frais que je les ai prises pour de la menthe. Ensuite, au dernier soir du voyage, j'en ai mangé à nouveau. Cette fois, elles servaient de décoration à une assiette de pétoncles en sashimis. Le parfum des feuilles se mariait à merveille avec le goût citronné des fruits de mer crus. Ce soir-là, M. Poisson m'expliquait que les Japonais parlent du shiso comme de l'herbe au goût explosif. Enfin, j'en ai mangé, sans m'en apercevoir, mélangé à la salade de chou qui accompagnait les repas de tonkatsu. Dans un livre, j'ai découvert que selon la tradition, les feuilles ainsi amalgamées allègent le côté huileux de la panure tout en ajoutant de la fraîcheur au chou et en adoucissant le goût acidulé de la vinaigrette ponzu (vinaigrette faite de jus d'agrumes, surtout de citron, et de sauce soya) qui l'accompagne. Pour conclure, le shiso est si populaire dans la culture japonaise qu'il existe même un Pepsi parfumé avec cette herbe rafraîchissante.

Petite anecdote: huit ans après mon passage au Japon, je viens de découvrir que je peux en faire pousser ici, au Québec! En effet, j'ai acheté des semences au printemps, et les plants se portent à merveille. J'ai frotté les feuilles pour humer à nouveau leur bon parfum : ça sent aussi bon que dans mes souvenirs.

Assiette de quatre makis au shiso. La présentation les fait ressembler à des bottines.

Ensuite, voici ma présentation des takoyakis. Ce sont de petites boules de pâtes farcies... de chair de pieuvre. Je suis la seule du groupe à y avoir goûté. J'en ai mangé deux fois tellement j'ai aimé ce plat. Déjà, depuis mon enfance, j'appréciais les repas comprenant du calmar frit. En goûtant à la pieuvre, j'ai trouvé sa chair plus goûteuse et un peu moins caoutchouteuse que celle du calmar. La préparation se passe comme suit: la chair de pieuvre est hachée, puis ajoutée à un mélange de légumes et d'algues; ensuite, la recette de pâte ressemble à celle d'une pâte à crêpes; une fois prête,la pâte est déposée dans les cavités d'un moule à takoyakis, et il faut y ajouter un peu de pieuvre par-dessus; on laisse frire suivant les indications du fonctionnement du moule (parfois, il va au four et il faut retourner les boulettes à mi-cuisson, parfois c'est un moule électrique, et les takoyakis lèvent plus rapidement); enfin,  on sert les boulettes, nappées d'une sauce sucrée pour takoyakis. Les deux fois que j'en ai mangé, c'était à des kiosques de bouffe de rue installés pour le nouvel an. J'en ai profité pour photographier la délicate préparation de ce mets délicieux.
Bon appétit!



lundi 7 mars 2016

Le rire japonais

Dernièrement, au poste TV5 monde, j'ai vu un épisode d'une émission intitulée Rires du monde. Il y était question de l'humour au Japon. Édith Cochrane s'est rendue là-bas pour nous faire découvrir ce qui fait rire les gens en terre nippone.
J'y ai appris que le rire passe par un humour au premier degré, humour qui sert entre autres à se détendre. On y retrouve des calembours, de la pantomime, des numéros de duos comiques à la manière de Laurel et Hardy (manzai), des émissions de caméras cachées, des blagues scatologiques et toutes sortes de folies du genre peau de banane. Plus drôle encore: un humoriste, Kojima Yoshio, apparaît sur scène en caleçon et fait des spectacles amusants pour les enfants! Il existe aussi une tradition nommée rakugo. Il s'agit d'un conteur qui, dans la position à genoux, propose un récit décousu bourré de calembours, de quiproquos et d'incompréhensions.  Il fait dialoguer ses personnages en incarnant toutes les voix. Il tourne la tête à droite ou à gauche pour indiquer le changement de personnage.

 Au Québec, c'est le genre d'humour qu'on trouve niaiseux. Pourtant, au cégep, j'ai suivi un cours d'éducation physique portant sur la gestion du stress. Mes professeurs, Mélanie Demers et Ghislain Desgroseillers, utilisaient ce genre de blagues pour une séance de rigolothérapie. Avant de commencer, ils nous ont expliqué ceci: plus on se dit "c'est donc ben niaiseux", moins on parvient à lâcher prise pour faire sortir les émotions coincées en nous. Alors, quand j'ai regardé l'émission, je me suis vraiment laissée aller.
J'ai trouvé l'épisode vraiment amusant, surtout à un moment où Édith Cochrane interviewe le duo Cowcow, connu mondialement grâce à YouTube parce qu'ils y ont publié un de leurs meilleurs numéro, baptisé "Entraînement sans surprises" ("No surprise exercise"). Si ça repasse, je vous invite à vous y plonger et à vous amuser aussi!

Malheureusement, il n'y a plus le lien Internet vers l'épisode complet. Par contre, vous pouvez le visionner sur demande, notamment sur Illico. Si l'humour de différents pays vous intéresse, visitez le http://tv5.ca/rires-du-monde

Voici le lien pour voir le "No Surprise exercise":  https://www.youtube.com/watch?v=Th6nww7bTGc

À droite: affiche publicitaire d'un duo comique qui se produit à la radio. Photo prise par moi, en décembre 2007, à Tokyo.


Le Maître de thé

Au cégep, quand est venu pour nous le temps de faire une analyse comparative entre Aki Shimazaki et un auteur japonais, j'aurais voulu lire Le Maître de thé de Yasushi Inoué. Cependant, il était introuvable à la bibliothèque. Je suis enfin parvenue à mettre la main dessus et à me délecter de ce texte à la fois philosophique, parce qu'il renferme des réflexions profondes, et réconfortant en raison des descriptions de cérémonies du thé empreintes de la douce chaleur ainsi que des arômes veloutés de cette précieuse boisson chère aux Japonais. Certes, je pourrais disserter sur les valeurs japonaises qui y sont présentes, comme nous l'avons fait dans le cours Dossier:écrivain, mais j'aime mieux parler d'un aspect qui m'a frappée en prenant un peu de recul une fois ma lecture terminée.
Dans Le Maître de thé,  nous entrons dans le journal du moine Honkakubo. De nombreuses années se sont écoulées depuis la mort de son maître, le senseï Rikyu. Tout au long de sa vie, ce célèbre maître de thé a  développé une "voie du thé", de la même manière qu'il y a celle des samouraïs. Celle-ci consiste en une pratique simple et saine de la cérémonie du thé, laquelle se perfectionne avec les années. Ce n'est qu'à un certain âge qu'un Maître peut se considérer comme un grand maître qui a atteint le sommet de son art. En 1591, Rikyu Senseï a réussi à attirer la colère de son suzerain, le Taïko Hideyoshi, au point de se voir condamné à l'exil puis à la mort par Hara kiri.Tout au long de son journal, Honkakubo cherche à comprendre le sens de cette mort et à trouver la raison pour laquelle son maître a accepté son funeste destin au lieu de demander pardon au Taïko.

Une phrase de ce roman siérait très bien au résumé de Tsubaki d'Aki Shimazaki : "le néant n'anéantit rien, c'est la mort qui abolit tout". Désolée de dévoiler l'intrigue, mais dans Le Maître de thé,  le maître Rikyu considère la mort comme l'aboutissement de son œuvre. De même, Yukiko met fin à son tissu de mensonges par son suicide.  Rikyu emporte son secret dans la tombe et c'est à Honkakubo de le découvrir. Yukiko, elle, décide plutôt d'avouer son parricide dans la lettre qu'elle laisse en héritage à Namiko. Les deux personnages utilisent des phrases énigmatiques de leur vivant, lesquelles sont utilisées comme pistes de réflexion par ceux qui découvrent leur secret. Yukiko déclare vouloir mourir comme les tsubaki, et Rikyu décrit toujours son style de thé avec les mots wabisuki-jôjû, chanoyu-kanyô, incompréhensibles à tout son entourage ainsi qu'au lecteur. Ces énigmes ne prennent tout leur sens qu'après la mort des personnages, lorsque les protagonistes méditent ces paroles pour essayer d'en saisir la signification profonde.
 Le Maître de thé m'a beaucoup plu. En lisant, je me revoyais chez Matsui Senseï, que je salue si jamais M. Braën retourne au Japon. En effet, le narrateur énumère et décrit avec force détails les salles de cérémonie, les ustensiles, les précieux bols et la nourriture qui accompagne le thé. Tous ces éléments m'ont donné envie d'en boire à nouveau, ce que j'ai fait avec grand plaisir. Le roman se lit vraiment de la même manière qu'on vit la cérémonie du thé: dans le calme et en prenant le temps de savourer chaque passage. Je le recommande à tous ceux qui voudraient découvrir le Japon de l'époque des Shogun et des grands Maîtres de thé. Également,  pour ceux que ça intéresse, il en existe une adaptation cinématographique,  La mort d'un maître de thé.


mercredi 7 décembre 2011

Dernier soubresaut de nostalgie


Cet été, je me suis vidé le coeur de ce qui restait de la nostalgie de notre voyage. J'ai lu un roman qui parle du Japon, mais qui a été écrit par un Français. Ça s'appelle Kyoto Limited Express et l'auteur se nomme Olivier Adam. Le texte est accompagné de photos qui illustrent bien ce que le narrateur raconte. Il s'agit d'un exercice proustien -phrases longues incluses- où le personnage principal recherche un certain temps perdu en retournant à Kyoto après trois ans d'absence. Il est à la recherche d'une époque où il demeurait dans cette ville avec sa conjointe et sa fille. Le paysage n'a pas changé. La vie du narrateur, elle, a changé. Les souvenirs le hantent, Kyoto l'écrase. En lisant, j'ai fait une sorte d'introspection. Si je retourne au Japon, cet immuable pays où lorsqu'on rénove, on reconstruit à l'identique, je ne ressentirai ni tristesse ni hantise, mais je sais que je me retrouverai dans un endroit où rien n'a changé, comme si je ne l'avais pas quitté. D'ailleurs, en regardant les photos prises dans Kyoto, je reconnaissais certains endroits, je m'y revoyais. Pourtant, ma vie a changé, elle a même été transformée de façon positive par ce voyage dont les souvenirs précis sont toujours ancrés dans ma mémoire d'éléphant. Je recommande ce livre à tous ceux et à toutes celles qui souhaitent avoir un point de vue intéressant du Japon offert par un écrivain non japonais ou qui veulent revoir des images du Japon.

samedi 12 mars 2011

Vidéo du jour

Si ça vous tente de le voir, voici un extrait vidéo de Catherine Lapensée qui chante en japonais avec son groupe Eye Catch Synergy Pro. La qualité visuelle et sonore n'est pas très bonne, mais c'est amusant.

Défilé de mode







10 février 2011, 3200 Jean-Brillant, au deuxième étage. J'arrive de mon casier. Il faut que j'aille manger au plus vite, j'ai un cours à 13 heures. Soudain, dans un corridor qui bourdonne d'activités, j'aperçois un petit kiosque. En approchant, je constate que deux jeunes préparent des roulés impériaux avec des feuilles de laitue, des nouilles chinoises et des crevettes. À côté de la table, je vois une pancarte annonçant un défilé de mode japonaise. Tout à coup, j'oubliais ma presse, l'université et le reste du monde. L'excitation m'a gagnée. L'heure prévue est 12h10. Je suis de plus en plus impatiente, il faut absolument que je voie ce défilé. 12h20: la célèbre designer Aminah Tranh-Bari fait enfin son apparition sur scène pour présenter son défilé. Elle me donne encore plus hâte de voir le reste. Après, petite surprise intéressante: une jeune québécoise du nom de Catherine Lapensée s'avance au micro et se met à chanter en japonais. Ensuite, le défilé. Youpi! Ce que je vois m'impressionne. Devant mes yeux défilent des gothiques et des Visual kei. Je ne suis plus à l'université. Je suis à Tokyo, dans la Rue des adolescents. C'est magique. Je ne veux plus partir. 12h30: la faim me tenaille. Ça me rappelle que je dois me dépêcher. Une fois mon repas expédié, je sors de la cafétéria et je retourne voir une autre partie du défilé. Maintenant, au tour des lolitas et des décoras de faire leur apparition. Elles s'avancent, majestueuses dans leurs robes amples dignes de poupées. 12h50: Zut!,Aminah Tranh-Bari annonce une pause et la suite du défilé pour après. Je tombe brusquement de mon nuage avec l'obligation immédiate d'aller rejoindre ma classe. Je cours dans l'escalier jusqu'au quatrième étage, le coeur content.

mardi 8 février 2011

Discrétion

La discrétion nécessite une immense part d'audace. Au moins nous écrivons des lettres discrètement violente sous le silence. L'audace de la patience, entre autres discrétions à l'avenir.

Ce qui fascine chez les japonais, c'est leur discrète attention aux détails, qui, au final, paraît tout révéler sur une harmonie et une perfection, minimale, mais grandiose. Par quelques coups de ciseaux dans le jardin d'un temple bouddhiste, voici que la bienveillante quiétude du paysage retrouve ses moyens.

Perspective bidisciplinaire sur Aki Shimazaki

Qu'ont en commun Aki Shimazaki et le cinéaste Nobuhiro Suwa?

En repensant au film H. Story de Nobuhiro Suwa, que j'ai vu l'année dernière, je me suis dit qu'Aki Shimazaki abordait, à sa façon, la question de l'irreprésentable. Je m'explique: depuis la seconde guerre mondiale et depuis le 11 septembre 2001, les artistes de tous les horizons se demandent comment fait-on pour représenter ou décrire des événements d'une extrême violence comme les bombes de Hiroshima et de Nagasaki, la Shoah ou encore la chute des tours jumelles.

À travers sa pentalogie Le poids des secrets, Aki Shimazaki emmène son lecteur dans un voyage dans le temps en faisant une histoire qui se déroule autour de la bombe de Nagasaki. Cet événement est irreprésentable en plus d'être un tabou pour les japonais, au même titre que la bombe de Hiroshima. Aki Shimazaki fait un tour de force: elle parle brièvement de l'événement sans l'afficher comme le principal élément de son oeuvre. Le récit crée un effet bombe: autour de l'histoire de Yukio et de Yukiko, d'autres secrets éclatent au grand jour, dédramatisant quelque peu l'Histoire par le fait que les déshonneurs qui pèsent sur les Horibe et sur les Takahashi ont l'air plus horribles.

De son côté, Nobuhiro Suwa, cinéaste natif de Hiroshima, pose la question de l'irreprésentable par l'image. En effet, H. Story (2001) raconte l'histoire d'un réalisateur qui tente de faire le remake de Hiroshima mon amour. Ici, la question qui se pose n'est plus "comment représenter l'irreprésentable", mais plutôt "est-il possible, au début des années 2000, de reprendre point par point le scénario original de Hiroshima mon amour?". La réponse que donne Suwa est non. Lorsque le spectateur regarde ce film, il assiste à un tournage raté. Les comédiens censés interpréter Nevers (Béatrice Dalle) et Hiroshima (Hiroaki Umano) se sentent mal à l'aise de réciter le texte de Marguerite Duras. À travers leur malaise et l'insuccès du tournage, ces deux personnages errent dans Hiroshima, prédisant que le remake ne se fera pas. De plus, le réalisateur fait exprès de filmer en laissant des bavures dans son images telles que des flash de fin de bobine. La seule chose qu'il fait exactement comme Resnais se trouve dans sa manière de filmer le Dôme de la bombe A. Pour résumer le travail de Suwa, il s'agit d'une distanciation par rapport à l'Histoire, mais aussi par rapport à ses prédécesseurs. Pour lui, c'est beaucoup trop délicat de faire le remake d'un film qui porte sur un événement qu'il n'a pas vécu. Comme pour les livres d'Aki Shimazaki, Nobuhiro Suwa veut son oeuvre simple et discrète.
À tous ceux qui n'ont pas vu le film et qui voudraient le voir, je le recommande chaudement.

samedi 5 février 2011

Éternité répétée

L'atmosphère enveloppante du Japon, ce passage vertigineux de l'éternité moderne à l'éternité traditionnel, pouvions-nous concevoir le prodige japonais en deux semaines d'éternité? Hélas non, mais sa littérature promet de nous faire découvrir à distance son génie ou plus humblement ses mystères. Je me souviens avoir vécu en solitaire une éternité de sentiments tous plus étrange les uns que les autres, chacun avec sa petite éternité, qui persiste jusqu'à cette nuit éternelle. ''Pour vivre caché, vivons heureux''. Enfin.

jeudi 3 février 2011

Pastiche


Par son message, Gabriel m'a inspirée à en publier un également. Pour une vision plus mature de mon écriture inspirée du Japon, je vous présente un pastiche du dramaturge Bernard-Marie Koltès, à partir des brouillons d'une pièce intitulée Guerre de nègres et de chiens. Le but de l'exercice était de décrire des personnages de façon très minimale physiquement et en leur for intérieur. Ensuite, il fallait les situer dans un milieu et les faire parler pour voir quel vocabulaire on leur mettrait en bouche. J'avais écrit ce texte lors d'un atelier d'écriture donné par l'écrivain François Bon en mars 2009.




Yukiko: Deux amandes parfaites au milieu du visage, fossettes aux joues, petits plis au front.




En son for intérieur: Un bouton de fleur de camélia qui éclot lentement un matin de printemps et qui recherche la douce lumière du soleil.




Kenji: Petites rides autour des yeux, ride légère au-dessous de la bouche, deux sourcils bien égaux.




En son for intérieur: De l'époque où on voit arriver l'hiver en regardant la nature s'endormir avec l'espoir de la voir renaître.




Vue d'un après-midi à Uji




Le soleil brille au-dessus du pont de la rivière Uji: il réchauffe lentement la surface de l'eau claire qui ondule au mouvement des seaux qu'on y lance pour puiser; le vent amène un parfum de thé vert fraîchement moulu qui donne une énergie profonde et un sentiment de tranquilité à ceux et à celles qui traversent le pont pour aller au marché ou pour aller prier au Biyodoin dont les phénix d'or scintillent au loin dans la lumière du soleil. Les personnages sont accoudés au pont, chacun dans ses pensées.




Yukiko: Si je pouvais, je me transformerais en grue blanche; je voyagerais très loin, je ferais de belles découvertes en longeant la rivière jusqu"à la mer; j'irais contempler cette ville du haut du Biyodoin autant de fois et aussi longtemps que je le désire; la nuit, je pourrais goûter au calme et au silence en me rafraîchissant dans la rivière tout en regardant la lune se mirer dans ce clair miroir; je plongerais à la recherche de poissons et je m'en régalerais; le plus merveilleux est que le matin, je me laisserais doucement bercer par le vent, légère comme une plume.




Kenji: Qui suis-je, où suis-je, où vais-je?, voilà la question; si cette ville est celle que je vois aujourd'hui, que deviendra-t-elle dans mille ans? Je voudrais être présent pour voir comment Uji a évolué et est à la fois restée la même; je voudrais sentir à nouveau le parfum du thé, que j'adore; l'Éternité est comme une cérémonie du thé: elle semble longue, mais on la voit passer en un éclair; c'est beaucoup mieux lorsqu'on peut profiter d'un moment et le fixer dans l'Éternité, comme l'écriture des plus beaux haïkus ou comme la chute délicate des fleurs de camélia à l'automne.




mardi 1 février 2011

À rebours

Par bonheur, je suis retombé sur ce blog en étant solliciter par un autre blog, sur lequel mes amis voulaient me voir participer. Or, c'est à ce demander s'il y a encore des gens qui lisent ce blog-ci - au cégep Marie-Victorin ou ailleurs. Ma foi, l'expérience n'était pas commune et elle n'est pas coutume. Bien sûr, nous n'étions qu'apprentis - ce qui ne rendait pas toujours les textes fabuleusement agréables à lire -, et, pour ma part, je songe à revoir tout le processus d'écriture entrepris au Japon, car la valeur de ce voyage reste indéniable, malgré une certaine solitude qui pesa lourde sur mes tristes épaules, à Tokyo comme à Kyoto. Vous épargnant pourtant ce quelconque romantisme du cœur, j'envisage plutôt parachever, en quelque sorte, par une plume légèrement plus mature, l'aventure nippone avec les réminiscences qui viennent à l'esprit.

Il faut le dire: l'étrangeté de la chose est de ne pas poursuivre notre écriture du Japon hors du Japon et de l'institution. Je désire humblement donner quelques contributions de souvenirs, en ce sens.
Je vous salue, Christian, François, etc.

(Si quelqu'un continue ou commence à lire ce blog, commentez pour que le blog reprenne vie)

mardi 25 novembre 2008

Presque un an déjà




En classant mes archives-papier du voyage au Japon, j’ai retrouvé un exemplaire du Médiavic qui contient ces photos de notre toute première levée de fonds. Reconnaissez-vous ces visages? Comme le temps a passé vite! Présentement, je me dis : « Et dire que l’année dernière, à pareille date, nous étions en pleines préparations pour ce périple mémorable. Qui sait, peut-être que nous nous reverrons dans dix ans sur une terrasse de Tokyo...










samedi 16 août 2008

lundi 5 mai 2008

Bilan d'un voyage au Japon

Voilà déjà plus de quatre mois que nous sommes revenus du Japon, nous, les apprentis écrivains. Il est donc de mise aujourd'hui de rendre compte de notre aventure à l'aide d'un bilan rigoureux et concis. Mais une chose est sûre: beaucoup d'informations doivent être organisées et traitées. C'est pour cette raison que j'ai opté pour l'élaboration d'un bilan «classique», où je développe les points forts et les points faibles de notre séjour au Japon, tout en ajoutant un certain point de vue. D'une part, je vais m'attarder à l'organisation et au contenu du voyage, et, d'autre part, je parlerai des valeurs japonaises et en ferai une petite interprétation.

Tout d'abord, en ce qui concerne l'orientation et les transports, malgré les quelques accrochages dus à la densité d'activités du pays et un certain «choc culturel», on peut dire que l'on s'en est bien sorti. Cependant, quelquefois, la grosseur des bagages causait des problèmes dans les transports en commun. Néanmoins, nous sommes toujours arrivés à destination sans perdre personne. D'ailleurs ces destinations, des hôtels et des temples en grande majorité, sont un autre point fort du voyage. Nous avons autant expérimenté le style traditionnel avec tatamis (à Kyoto) que le style moderne (à Hiroshima) ou l'hôtel en «carton» (à Tokyo). Puis, en ce qui concerne l'alimentation, la recherche des restaurants était souvent méticuleuse et ardue vu notre fatigue, mais, en définitive, nous avons mangé un bon nombre de mets typiques au Japon. De plus, plusieurs endroits nous donné une bonne idée de l'atmosphère autour de la table à l'heure des repas ( lorsque nous avons mangé chez les Komai, la belle famille japonaise de Christian, notre enseignant).

Pour ce qui est des activités et des visites, on ne peut faire autrement qu'affirmer que ce fût la grande force de cette aventures. C'était le côté le plus complet du voyage; on a vu l'essenciel de ce qui avait à voir au Japon. Au décompte, plus de neuf temples visités et une dizaine d'autres activités («shopping», marche, poterie, etc.) C'est, en quelque sorte, par ces activités que les apprentis écrivains ont pu voir et concevoir les valeurs, les moeurs, le mode de vie et l'esthétisme japonais. Et, pour rendre compte de ce que l'on voyait, nous avons élaboré un «blog». Ce «blog», ou plutôt la tâche d'écrire, est un point faible du voyage. Malgré qu'il ait été conçu avec constance, il semble que nous étions mal préparés à la rédaction de commentaires de voyage de ce genre. Le «blog» restera un très beau souvenir, mais, à la relecture, que les remarques manquent de rigueur et qu'elles sont empreintes d'une trop grande subjectivité. Pour ce qui l'atmosphère du groupe, chacun doit l'avoir senti à sa façon. Pour ma part, j'ai vu plusieurs problèmes dans l'organisation du groupe, mais je crois que c'était aussi un défi pour chacun de nous. Les conflits étaient souvent dus qu'à de la mauvaise foi, de la mauvaise conscience.

Ensuite, pour parler un peu plus du Japon en soi, j'emploierai le «je» puisqu'il s'agit d'interprétations ou de points de vue. Car, en réalité, je ne crois pas qu'il soit possible de s'immerger dans une culture en moins de deux semaines et d'en parler avec grande objectivité. Toutefois, j'ai pu comprendre certains traits culturels évidents.

En premier lieu, le caractère paradoxal de cette culture m'est apparu tout long du voyage. C'Est surtout par la comparaison entre la ville de Tokyo et celle de Kyoto que j'arrive à comprendre le combat entre la tradition et la modernité. Mais, encore plus, de voir des traits contradictoires à l'intérieur même d'une seule ville (comme l'idée du confort - à Kyoto, je dormais sur des tatamis, pourtant, au McDonald, je découvrais des toilettes chauffantes).

En deuxième lieu, il me faut bien évidemment parler de la pudeur et de la retenue des Japonais et Japonaises. La densité de population mènerait au chaos si les Japonais se conduisaient comme la plupart des Occidentaux. Pourtant, la pudeur et la quiétude sont plus qu'une nécessité sociale; elles forment l'individualité des Japonais. C'est, autrement dit, souvent un trait de caractère propre aux Japonais indépendamment qu'ils soient dans une foule ou non.

Par ailleurs, la question de l'honneur a aussi une grande importance. C'est un peu comme si l'art des samourais traversait la culture moderne. Au Japon, l'honneur de la famille occupe une place majeure. Presque toutes les familles ont un autel, chez eux, pour célébrer leurs parents défunts. Cela me mène à la facette qui m'a intéressé le plus au Japon: son esthétisme. L'esthétique est particulière et singulière; la minutie et la recherche de perfection et d'harmonie en sont les principaux acteurs. Que ce soit par le théâtre de Bunraku (de poupée) ou la contemplation d'un autel méthodiquement réfléchi, j'ai vu et j'essaie encore de comprendre la magie de cette esthétique. Après tout, sans le Japon et ses estampes, il n'y aurait pas eu un aussi bon Van Gogh...

En définitive, je ne peux parler que positivement du voyage, malgré une certaine amertume. Mon système digestif d'occidental n'était pas accoutumé à cette culture orientale, au figuré et concrètement (lorsque je mangeai des sushis à 7 heure du matin). C'est pourquoi je digère encore, aujourd'hui, cette aventure qui marque une vie, et la déplace. Mais je vous rassure, il n'est pas obligatoire d'aller si loin pour faire un voyage. «Le voyage de mille lieues commence par un pas» - Lao-tseu

Monsieur T.

vendredi 2 mai 2008

Aventure nippone

Mon voyage est séparé en trois parties: avant, pendant et après, auxquelles je rattache des sentiments distincts : la peur, l’étonnement et l’appréhension.

Avant de partir, j’avais beaucoup de doutes sur l’appréciation de mon voyage : je n’aimais pas le soya, je n’avais aucun repère sur la langue japonaise ou très peu, il me semblait qu’on allait voir que des temples et c’était la première fois que je partais en voyage avec des professeurs. Il me semblait aussi que l’itinéraire n’était pas encore complètement structuré ou organisé et j’avais très peur qu’on se retrouve sans moyen, au milieu du Japon.

Lorsque nous sommes arrivés à Tokyo, j’ai eu peur que ms doutes se confirment : le quartier dans lequel notre hôtel se trouvait me paraissait très louche!

C’est au courant des jours suivants que j’ai commencé à saisir l’environnement dans lequel je me trouvais –en grande partie parce que je guérissais de mon rhume! Et j’ai été frappée par le nombre stupéfiant de paradoxes qui habitaient le Japon.

J’ai été grandement marquée par le souci des Japonais pour l’environnement. Il me semblait qu’ils avaient mis en place beaucoup de structures et de moyens pour économiser l’eau, gérer les déchets, réduire les gaz à effet de serre, etc., mais d’un autre côté, leur niveau de consommation était phénoménal : la mode était présente partout, des magasins à – plus que – grande surface (!) était présents à presque tous les coins de rue, leur voiture n’avait pas plus d’une demie-douzaine d’années… c’était ahurissant de voir combien, dans un sens, ils étaient écologiques et dans un autre, comment ils consommaient.

Le deuxième paradoxe qui m’a frappé –et peut-être plus que si je n’avais pas été malade- est celui du bruit et du silence. À Shibuya surtout, où à une intersection, trois écrans géants gueulaient leurs publicités simultanément, en plus du bruit des voitures, des indicateurs sonores pour les traverses de piétons, les voitures qui défilaient pour promouvoir le nouveau disque d’une chanteuse pop, les pachinkos… le bruit était partout… sauf à l’intérieur des wagons où il y avait un étrange silence!

À Kyoto, un autre paradoxe, moins présent qu’à Tokyo, m’a étonné : celui de la technologie et de la tradition. Le temps des fêtes marquait encore plus la lutte qu’elles se livraient. Dans les rues, les gens se promenaient en kimono alors que des voitures nouvellement inventées se stationnaient à leur côté. Des immeubles à l’architecture incroyable côtoyaient des maisons typiquement japonaises… Et alors que le Japon s’ouvre à la face du monde, les Japonais sont précieux de conserver leurs cérémonies et leurs traditions qui font parties de leur quotidien.

Finalement, bien que je sache que tous les pays ont quelque chose de particulier, il me semble que le choc culturel ne pourra jamais être aussi grand et marquant que celui que j’ai vécu au Japon. Mes futurs voyages ne risquent pas de perdre en richesse, mais après avoir découvert une culture si étrangère à la mienne, mes surprises risquent d’être moindre.
Marilyne Léveillé

Premier voyage

Un voyage, c’est plus que le simple fait de changer de ville, de pays, c’est s’éloigner de son petit monde pour se rapprocher de soi-même et des autres.

Tout d’abord, il y a cet état d’esprit dans lequel on se trouve lorsque l’on franchit pour la première fois la frontière de l’inconnu et que l’on se retrouve à mille lieux de chez soi dans un univers complètement différent, saisi par le choc d’une rencontre entre deux cultures qui ne semblent pas, aux premiers abords, avoir beaucoup de points communs…
Toutes les appréhensions du départ sont présentes : pourquoi avoir quitté son monde? Pourquoi être venu ici, loin de tout ce que l’on connaît et de ceux que l’on aime? Supposément que pour tout premier voyage, il y a ce doute en plus du baptême de l’avion… Là aussi, il y a une certaine crainte, une certaine appréhension qui s’envole en même temps que l’avion. Malgré la grande distance qui sépare New-York du Japon, tout se passe bien puisque aller vers l’inconnu éveille une certaine curiosité de plus en plus palpable au fil du temps qui passe et du pays qui approche… Une sorte d’adrénaline nous envahit lorsque l’avion se pose et que l’on met enfin pied à terre. Néanmoins, il y eut une certaine déception à l’arrivée puisque cela ne répondait pas à mes attentes… on ne sait jamais ce à quoi réellement s’attendre de toute façon, mais il faut dire que les longues heures en avion épuise et nous rend quelque peu lasse. Nous ne sommes jamais dans les meilleures conditions après tout ce temps, la fatigue dans le corps, il est donc normal de ressentir quelques craintes, surprises, angoisses, surtout lorsque l’on est accueilli par un quartier assez douteux où des sans-abri nous font de grands sourires avec quelques dents manquantes…

Une bonne nuit de sommeil et la visite du premier temple fait rapidement oublier l’arrivée rocambolesque. Bientôt, c’est toute la beauté du pays qui s’épanouit sous nos yeux, la nuit ayant laissé place au soleil éclatant et notre appréhension à la plus grande excitation. Après s’être familiariser avec les lieux, vient la barrière de la langue. Elle est là certes, mais elle n’empêche nullement les Japonais d’être des plus agréables compagnies. Leur hospitalité et leur gentillesse sont vraiment sans bornes. On voit sans cesse leurs dents blanches à forces de sourires indulgents et polis. Arriver chez eux, c’est réellement aboutir dans un autre monde. On a beau essayer de rentrer dans leur bulle, on se sentira toujours un peu à part quoique toujours les bienvenus. Il est assez drôle lorsque l’on s’imagine comme dans un autre univers où l’on est en vacances et où l’on vient découvrir un pays inconnu. Pourtant, eux, ils vivent là. Les gens que l’on rencontre dans le métro vont à l’école ou travailler. Pour eux, c’est le quotidien, pour nous, c’est l’aventure.

Il y a aussi la densité de la population qui amène le sentiment que l’on n’est jamais seul. Les rues de Montréal, par la suite, semblent bien désertes… Toutefois, on a beau être sans cesse entouré d’un million de personnes, on peut encore se sentir seul puisque, bien qu’il y ait des centaines de conversations aux alentours, on ne peut en suivre aucune. De plus, paradoxalement, c’est calme et silencieux. Les gens parlent mais ne sont pas agités, ne font pas exprès pour attirer l’attention sur eux… et pourtant ils le font dans leur habillement, dans leur style. Ils sont d’un calme poli et le silence est très respecté. Avoir une population aussi dense à Montréal créerait un vrai chaos…

Il existe plusieurs autres paradoxes, d’autres contradictions dans les mœurs japonaises : entre autre, il y a la modernité face à la tradition. Le Japon est sans aucun doute le plus perfectionné des pays par rapport à la technologie, surtout en ce qui concerne Tokyo, mais c’est aussi un pays très axé sur la tradition, les cérémonies, le respect des autres et de la nature… Il est difficile pour nous de capter et de comprendre leur façon d’agir puisque nous ne venons pas de cette partie du monde. Kyoto est l’une des villes les plus intéressantes justement parce que c’est surtout là que l’on retrouve les traces de la tradition : les maisons traditionnelles et tous les temples. Il a été des plus instructifs et des plus amusants de faire l’expérience de vivre dans une maison traditionnelle pendant plus d’une semaine et pour avoir été inviter à partager un repas chez des Japonais, il faut avouer s’être totalement épris de leur hospitalité et de leur raffinement tellement différent de ce que l’on peut trouver par chez nous. La nourriture, quant à elle, est exquise avec un certain goût de rêve éveillé.

En effet, deux semaines dans un pays aussi « oriental » que le Japon, ce n’est qu’une infime parcelle de tout ce qu’il y a à découvrir dans ce coin du monde. On prend rapidement goût à cette nouvelle vie où l’inconnu nous attend au détour de chaque rue et de chaque temple. Ce n’est qu’une fois de retour chez soi que l’on ouvre les yeux sur la beauté que l’on a quittée et sur l’aventure qui a vu le jour lors de la rencontre de deux mondes. Au retour, l’adrénaline revient ainsi qu’une nouvelle appréhension : celle de retourner vivre sa routine après un aussi beau rêve. Parce que oui, tout semble être un rêve une fois revenu dans son monde. Après tout, que représentent deux semaines dans toute une vie ? Certainement pas grand chose, mais sûrement un beau rêve que l’on chérira toute sa vie, un rêve qui fut réalité l’espace d’un moment et même s’il fut trop court, personne n’oublie son premier voyage.

Marilyne Chouinard

mercredi 26 mars 2008

Le bilan de mon voyage

Mon expérience de deux semaines au Japon, laquelle a passé trop vite à mon goût, m’a permis de me plonger dans une culture millénaire empreinte de sagesse. En plus, j’ai tiré de belles leçons de ce très agréable séjour au pays du Soleil levant. Il y en a deux en particulier que j’ai retenues. La première est qu’il est possible de relaxer, même dans une société très industrialisée. La seconde leçon que je retiens, même si je la connaissais déjà d’un point de vue « occidental », dit qu’il faut admirer la beauté et trouver le bonheur dans la simplicité ainsi que dans les petits gestes quotidiens.

Tout d’abord, le calme de la population japonaise m’a beaucoup surprise, surtout dans une grosse ville industrialisée comme Tokyo! Les habitants du Japon sont très polis et leur étiquette veut qu’ils n’expriment pas leur impatience en public. Alors, on n’entend aucun cri et on ne voit aucune bousculade de la part de personnes pressées. Immergée dans cette foule calme, je me sentais bien. Puisque le Japon est très populeux, le chaos s’installerait s’il fallait que tout le monde soit impatient. Comme le disait si bien monsieur Braën, « remplacez tous les japonais par un même nombre de Parisiens et vous verrez une différence énorme ». La leçon que je retiens de tout cela est que même dans un pays industrialisé axé sur la vitesse et sur la haute technologie, il est possible de relaxer. Au fond, ce sont notre stress et notre rythme de vie effarant qui sont les moteurs des bousculades et des engueulades desquelles nous sommes souvent témoins.

Ensuite, au pays du Soleil levant, les gens apprécient la beauté dans les petits gestes quotidiens et dans la simplicité. Ici, j’ai appris cette leçon au sens où les services, les câlins et bisous, les bons mots de bonjour et d’encouragement ainsi que les sourires sont beaux et font le bonheur de tous. Là-bas, la beauté simple est plus profonde. Les activités quotidiennes y sont si importantes qu’elles revêtent un caractère sacré. Par exemple, lorsque les Japonais prennent un moment de leur journée pour boire du thé, ils le transforment en cérémonie. Un maître de thé prépare la précieuse boisson et remplit des bols fumants avec des gestes d’une grande précision et d’une grande délicatesse ainsi que des instruments (fouet, cuiller, bouilloire, bols) magnifiques dont les couleurs et l’emplacement diffèrent à chaque saison. Cette cérémonie est empreinte d’une transcendance qui permet de relaxer et d’oublier, pendant quelques instants, le quotidien tumultueux qu’on vient de quitter pour pénétrer dans un autre univers, celui du thé. Pour nous c’est tout l’opposé : il nous faut des grands protocoles avec tambours, trompettes, grands spectacles, défilés, feux d’artifices et discours pour parler de cérémonies. Sinon, la seule cérémonie qui nous est sacrée est la célébration de la messe. De plus, la beauté simple japonaise se retrouve dans l’architecture et dans les jardins. En effet, au pays du Soleil levant, on aime beaucoup les bâtiments anciens et patinés arborant des couleurs sombres. Concernant les jardins, ce sont, pour la plupart, des jardins de pierres ou de mousses. Cette simplicité est magnifique et apaisante. Par contre, le Kinkakuji est le symbole par excellence de l’extravagance : depuis qu’il a été reconstruit, les Kyotoites détestent ses dorures trop brillantes et ils n‘aiment plus du tout ce temple. En somme, la beauté simple à travers les petits gestes du quotidien transformés en cérémonies et à travers l’architecture discrète des temples et des jardins m’a beaucoup plu.

Enfin, je tiens à dire que le voyage que j’ai vécu au Japon a été très enrichissant. Il est certain que j’en ai tiré des leçons, mais il reste encore beaucoup de choses à apprendre de la sagesse nippone. J’ai tellement aimé ce pays que j’ai envie d’y retourner un jour.

ありがと ございます!
Merci!

ノエ ミ
Noémie

samedi 12 janvier 2008

Retour à Montréal

Nous sommes de retour au Québec. Prenez notes que d'autres messages seront publiés au cours des prochaines semaines. Et pour l'instant, pour ma part, je me remet du décalage horaire et du choc culturel. Merci à nos lecteurs! Un petit contact avec nos proches, nos amis, fait toujours du bien en voyage.